Au soir de sa réélection, le président de la République a promis une nouvelle ère. Mais elle a en réalité commencé au lendemain du premier tour des élections présidentielles.
Depuis deux ans, les Français ont dénoncé le caractère Orwellien de la politique française, tendant à nous projeter dans une dystopie où la peur ferait office de Saint Graal.
Aux amoureux de la France et de la culture française – souvent qualifiés de nationalistes ou de réactionnaires, comme si le progressisme était une religion –, je ne pourrais que partager ce constat : Orwell est mort, Vive Molière.
Depuis 15 jours, la France est redevenue le pays de Molière. Elle est redevenue le pays de courtisans portant la perruque de la République, le visage poudré d’opportunisme. Dans ce carnaval du devenir, les masques tombent, mais les costumes sont mis en plis. Fardés de leurs bonnes intentions, tous ceux qui, hier prétendaient incarner des valeurs ancrées dans leur chair, veulent désormais mener la danse pour être la reine du bal.
Dans ce ballet burlesque, tous les Argan prétendent être des Diafoirus en devenir jusqu’au petit d’Espagne qui se verrait bien rythmer la valse.
Et tout cela en expliquant aux Français que le plus digne est de suivre le pas.
Après le bal, certains feront tomber les costumes et les grimages et iront assurer au peuple de France que c’est sous les ors et les fresques que l’on se préoccupe de son avenir. Ils seront crus par certains parce que le citoyen qui aime son pays ne l’envisage pas comme une administration. Il a pour lui de grandes aspirations.
Pourtant, au-delà des salons feutrés et des jardins à la française, le peuple a exprimé son besoin de valeurs dans un duel électoral qui opposait deux visions radicalement différentes de l’avenir. D’un côté la France des cours. De l’autre la France des privations, d’un côté la France des faubourgs, de l’autre celle des clochers.
Ce qui s’annonce est inquiétant. A ceux qui ne se sentent plus entendus par leurs représentants on expliquera qu’il faut réduire le nombre de parlementaires. Tuer le messager pour n’avoir pas à écouter le message et une fois le rideau tombé, les acteurs retourneront dans leurs loges et chacun rentrera chez lui, la musique ancrée dans la tête avec le souvenir d’un moment passé.
Courtiser n’est pas convaincre. Dans ce monde de communication qui parvient même à expliquer l’opportunisme, il est un mot pourtant que les citoyens connaissent et qui fait rire les grands : l’honneur de la parole donnée.
Cette parole est publique. Elle est celle de ceux qui refusent le consensus quand il ne préserve pas les intérêts du citoyen.
Les derniers élections présidentielles ont démontré une rupture de la France en deux blocs. Exercer la politique dans cet esprit bipartite, c’est n’avoir que deux choix : être contre ou être pour. Être pour quand cela sert le citoyen dans l’ensemble de ses droits. Être contre quand l’un de ses droits est bafoué.
Négocier les libertés, les acquis, les droits, c’est céder la Nation à ceux qui se nourrissent des divisions.
Notre rôle politique et de réaffirmer les valeurs qui sont les nôtres, d’y être fidèles, et d’être constants dans nos choix. C’est cette confiance des Français qui demeure dans nos mandats.