Lettre ouverte à Monsieur Olivier Véran, Ministre des solidarités et de la Santé.

Monsieur le ministre Cher confrère,

Lettre ouverte à Monsieur Olivier Véran, Ministre des solidarités et de la Santé.

Dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19, le gouvernement vient de faire l’annonce de sa stratégie vaccinale. Celle-ci laisse planer de nombreuses incertitudes renforcées par les messages contradictoires des autorités.

En premier lieu sur les vaccins. Le président Emmanuel Macron le reconnaît lors de son interview à BRUT le 3 décembre dernier : « (…) il faut être toujours très honnête et très transparent, on ne sait pas tout sur ce vaccin comme on ne sait pas tout sur ce virus. Le vaccin d’avril ne sera pas celui de janvier. Il y a des vaccins qui vont arriver au printemps-été, qui seront faits avec d’autres techniques. »

Alain Fischer, le « Monsieur vaccin » nommé par le gouvernement s’est lui-même montré très prudent quand il déclare : « Nous ne disposons que des communiqués de presse des industriels » et « Nous attendons avec impatience des publications scientifiques. »

Malgré ces incertitudes, et les risques extrêmes de la mise sur le marché de vaccins – dont des vaccins par ARN messager qui n’ont jamais été testés sur l’humain – vous établissez une stratégie vaccinale paradoxale.

Le choix d’inoculer un traitement inconnu, sans retour d’expérience, sur les personnes âgées, donc vulnérables, appelle des questions essentielles :

• S’il s’agit de relancer, comme vous l’avez expliqué, l’économie de notre pays et d’encourager une immunité collective, pourquoi faire le choix d’une vaccination sur des personnes en EHPAD et donc, par définition, sans interaction avec le monde extérieur ?

• Pouvez-vous certifier que des essais cliniques ont été effectués en incluant un échantillon de personnes âgées. Sinon, comment garantir que cette vaccination des résidents d’EHPAD, par nature vulnérables, ne leur fait pas courir un risque majeur ?

• La France a-t-elle eu accès aux brochures telles qu’elles sont définies par les BPC (Bonnes Pratiques Cliniques), système d’assurance qualité de l’industrie pharmaceutique ?

La vaccination est une des avancées majeures de notre science et, en tant que médecin, je ne peux qu’y souscrire. Mais ma responsabilité de parlementaire est de m’interroger quant à l’autorisation, de façon précipitée, d’un traitement, alors qu’il faut généralement des années pour une autorisation de mise sur le marché. Dans la course mondiale pour être sûrs de disposer de vaccins, il semble que l’on ne se soit pas posé la seule question qui vaille c’est-à-dire celle de l’innocuité de ceux-ci. Peut-on laisser reposer la santé des Français sur les seules communications des laboratoires pharmaceutiques ?

On apprend de surcroît par la presse que l’Union européenne a accepté de protéger les laboratoires en cas d’effets secondaires inattendus. Cette décision inédite concernant un traitement non éprouvé engage les citoyens de l’Union pour des décennies avec, peut-être, à la clef des centaines de millions d’euros d’indemnisation payés en lieu et place des laboratoires. Quelle est la réalité de ces contrats ? N’est-ce pas un chèque en blanc signé par l’UE, pressée par l’urgence sanitaire, à des consortiums pharmaceutiques qui doivent rendre des comptes à leurs actionnaires ?

La récente déconvenue sur le Remdesivir devrait pourtant inciter à plus de prudence ! Le 8 octobre dernier, l’UE a acheté l’équivalent du traitement de 500 000 patients de Remdesivir (2 000 euros par traitement) soit une dépense d’un milliard d’euros. Quelques jours plus tard, l’étude Solidarity de l’OMS disqualifiait le Remdesivir dans la lutte contre le Covid-19…

Dès lors, des questions légitimes se posent quant à la stratégie vaccinale de votre gouvernement. Elle ne se limite pas, comme vous aimeriez le faire croire à une guerre entre pro-vaccins et anti- vaccins. Résumer l’inquiétude des Français à cette dualité est une manœuvre politique qui ne sert pas la vérité scientifique. De même que reléguer au rang de complotistes ceux qui interrogent vos décisions.

Monsieur le ministre, l’une des missions du Sénateur que je suis est de contrôler l’action du gouvernement. Devant l’absence de réponse en hémicycle, il est regrettable que cette mission fondamentale du Parlement ne trouve d’écho que par la presse ou les réseaux sociaux.

Depuis plusieurs mois, des médecins, mais aussi des parlementaires appellent à un débat démocratique et paisible dans l’intérêt de notre pays, de la crédibilité de votre action gouvernementale, et d’une issue à cette crise sans précédent.

Vous ne pouvez pas parler de guerre, appeler à la mobilisation générale et dans le même temps entraver ceux qui disposent des armes – et c’est notamment le cas des médecins de ville dont c’est le métier d’être en permanence dans la prise de risque et la décision.
C’est cette politique d’entrave qui décrédibilise l’action du gouvernement.

C’est elle qui explique la défiance : plus de la moitié des Français s’oppose à la vaccination anti- Covid-19.

Vous considérez trop souvent que les interrogations de nos concitoyens et des représentants politiques ne sont que des polémiques politiciennes. Il semble aujourd’hui indispensable Monsieur le ministre, cher confrère, d’être certain du choix que nous faisons, en responsabilité, entre les intérêts des patients et les intérêts du gouvernement.

Alain Houpert

Sénateur de la Côte-d’Or

 

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