3ème Rassemblement des Amicales Gaullistes

logo_communiquesSamedi 2 décembre, le Palais du Luxembourg accueillait les Amicales Gaullistes salle Monerville sur le thème « Gaullisme et Temps nouveaux. Quel défi ? ». J’ai eu le plaisir de conclure les interventions après Bernard Murat (ancien Sénateur de la Corrèze) et l’écrivain Laurent Lasne, auteur de De Gaulle, une ambition sociale foudroyée. Voici le texte qui m’a été inspiré par le souvenir du Général de Gaulle.
Mesdames et Messieurs les représentants des Amicales Gaullistes

Mes chers collègues,

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

Vous m’avez proposé d’intervenir pour évoquer devant vous l’héritage du Général de Gaulle. Ceci est un honneur, mais un honneur embarrassant !

D’abord parce que le patrimoine moral, politique et humaniste laissé par Charles de Gaulle est immense… ensuite parce que le mot d’héritage est prononcé lorsque l’on évoque un défunt. Or il me semble que le Général de Gaulle n’a jamais été aussi vivant.

Je suis assez amusé, mais aussi stupéfait lorsque je vois avec quel empressement on s’est bousculé, cette année encore, au-dessus de sa tombe. Plusieurs journaux ont parlé d’un véritable embouteillage à Colombey-les-Deux-Eglises : et en effet de Florian Philippot à Anne Hidalgo en passant par Nicolas Dupont-Aignan, tout l’échiquier politique était là. Cela m’a remis en mémoire une phrase du Général : nous sommes en 1929, il a 32 ans, il est commandant et s’adressant à son ami le colonel Nachin il a cette formule dont je vous laisse apprécier la saveur : « Dans quelques années, on s’accrochera à mes basques pour sauver la Patrie… et la canaille par-dessus le marché  ».

Et en effet, il ne suffit pas de s’incliner sur la tombe de Charles de Gaulle pour devenir gaulliste. Il ne suffit pas de faire le pèlerinage à Colombey-les-Deux-Eglises pour être décoré de la Croix de Lorraine.

Etre gaulliste, ce n’est pas une formule, c’est un engagement. Etre gaulliste ce n’est pas une posture, c’est une stature.

Etre gaulliste ce n’est pas un label, mais une morale.

Une morale intransigeante, forgée dans cette conviction que la France, selon une autre formule du Général, « ne peut être la France sans la grandeur. »

Etre gaulliste, c’est vivre avec cette injonction de grandeur.

Cela pour vous dire qu’il y a du danger à invoquer le nom de Charles de Gaulle sans en être parfaitement digne. Nous avons tous en mémoire la pique lancée par François Fillon à Nicolas Sarkozy lors de la dernière campagne présidentielle. En effet, personne n’imaginait le Général de Gaulle mis en examen. Mais peu de personnes imaginaient, même si je m’honore à avoir été l’un des lanceurs d’alerte, que la Droite française serait privée d’un candidat au deuxième tour.

Oui, cher Général, la Droite va mal. Cette famille politique que vous avez bâtie se déchire aujourd’hui. Le fiasco des élections présidentielles n’a pas provoqué d’examen des consciences, mais une déchirure entre ceux qui souhaitent préserver les acquis humanistes de la Libération… et ceux qui accusent les plus vulnérables de nos concitoyens d’être les profiteurs d’un système trop généreux. Une déchirure aussi entre ceux qui, comme moi, se revendiquent patriotes car ils sont fiers d’être vos enfants sur la terre de France… et ceux qui confondent, par opportunisme électorale, le patriotisme avec une xénophobie qui piétine toutes les leçons de l’Histoire.

Oui, cher Général, la Patrie va mal. Cette France que vous aviez voulue généreuse, humaniste, au secours des plus faibles, est en train de sacrifier les valeurs de la Résistance sur l’autel des chiffres et des statistiques. Cette Europe que vous aviez voulue réconciliée se vend à la froideur des marchés.

Nous pouvons gémir. Etre fatalistes ou peut-être, pire encore, cyniques, en tentant de tirer le meilleur profit possible de cette situation.

Ce que je vous suggère ce soir, c’est plutôt de retrouver, comme le Général l’a magnifiquement incarné dès 1940, l’esprit de Résistance.

Cet esprit de Résistance, il doit être le principe souverain de ceux qui, comme moi et mes collègues parlementaires, ont l’honneur d’être des élus du peuple français et l’émanation des territoires de notre pays. Nous devons nous battre pour que les lois que nous croyons justes en notre âme et conscience soient débattues, examinées, votées : car ce sont les lois qui font l’esprit de la France. Et si pour cela il faut batailler, parfois contre son propre camp, au détriment de son propre intérêt, au risque de la solitude, même alors il faut se battre car c’est là l’honneur d’un élu. En 1946, le Général nous a donné l’exemple d’un homme au faîte de sa puissance politique qui choisit de quitter le pouvoir au nom de ses principes : n’y a-t-il pas là une admirable leçon ?

Cet esprit de Résistance, il doit nous gouverner quand la pensée unique, la pensée démagogue et consensuelle nous menace. Il faut oser écouter des paroles hardies, des points de vue différents, s’imprégner d’idées neuves pour tracer son chemin d’homme. C’est ainsi que bravant des ordres qu’il jugeait indignes le Général de Gaulle est né, un certain 18 juin, en lançant sur les ondes de Radio Londres l’appel de l’espérance pour des millions de Français humiliés : n’y-a-t-il pas là une autre leçon ?

Cet esprit de Résistance, il doit nous guider enfin en ayant en mémoire ce que la France a d’unique : sa culture. Aucun pays au monde n’a su pendant des siècles et aujourd’hui encore faire rayonner sa pensée, son art de vivre, ses philosophes, ses scientifiques et ses artistes sur le monde. La France est le pays du mot et le Général de Gaulle, lui-même immense écrivain, en était profondément conscient. Il n’est pas anodin que le plus grand ministre de la Culture que notre pays ait connu, André Malraux, choisi par le Général de Gaulle, soit aussi un des plus grands auteurs du XXème siècle. Il n’est pas anodin que la France, un minuscule territoire au regard de la planète, soit chaque année le pays le plus visité au monde : ce n’est pas seulement par la beauté de ses territoires mais parce que notre pays, la France, est une terre de cultures, enrichie depuis des siècles par de multiples apports.

Voilà la France à laquelle je suis fier d’appartenir, voilà le patriotisme que je revendique : celui d’une Nation forte de son histoire, de son passé et des hommes qui s’en sont montré dignes. Il sera difficile de trouver plus digne de la France que le Général de Gaulle, vous serez certainement d’accord avec moi sur ce point.

Mais il est à la portée de chacun de nous d’essayer de se montrer à la hauteur de ce que la France exige : une morale inflexible, une liberté de pensée que rien ne corrompt, et le sentiment qu’en effet on ne peut être Français sans la grandeur.


Alain HOUPERT
Sénateur de la Côte-d’Or

 

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