Venu des Etats-Unis, le concept de « wokisme » est de plus en plus répandu dans le débat public. Que signifie-t-il ? Quel est l’impact de la culture « woke » en France ? Pour y répondre, le Think tank libéral Fondation pour l’innovation politique vient d’éditer deux petits livres dont la lecture est pleine d’enseignements.
Le mot « woke » signifie littéralement « réveillé » ou « être éveillé ». Sa portée symbolique est plus large : être « woke » veut dire être conscient des injustices infligées aux minorités. Le terme est né dans les milieux intellectuels et les campus américains et à ses débuts, d’abord concerné les Afro-américains. La culture woke a cependant essaimé à travers d’autres groupes, et être woke aujourd’hui, signifie être conscient des injustices vécues par des minorités ethniques, sexuelles, religieuses…
En France, le « wokisme » recouvre les mêmes aspirations, et impose le même constat : ces minorités sont d’abord des « victimes. » Cette posture porte en elle un germe que l’on peut juger dangereux en ce qu’il enlève à l’interlocuteur toute possibilité de critique. Se prévalant – avant son statut de citoyen – de son origine ethnique, de ses préférences sexuelles ou de sa religion, l’individu peut à son gré critiquer les institutions du pays où il est né (ou là où il réside) sans possibilité d’être à son tour passible de critique sous peine, pour son contradicteur, d’être immédiatement taxé de raciste ou d’homophobe par exemple.
Il va sans dire qu’en période électorale, flatter un électorat sensible au wokisme est tentant, tout comme s’arc-bouter jusqu’au fanatisme sur une prétendue culture nationale originelle en niant l’Histoire et ses apports multi-culturels. Voilà pourquoi s’intéresser à la naissance du mouvement woke, sa réalité aujourd’hui et ses effets sur les débats publics est salutaire.