Affaire Jacqueline Sauvage : une décision légitime, mais quelle impudeur !

logo_tribunesDijon, le 01 février 2016

Je suis heureux que le Président François Hollande ait prononcé une grâce partielle en faveur de Jacqueline Sauvage. Je souligne d’ailleurs que cette grâce n’annule pas la décision de justice mais uniquement sa sanction : Jacqueline Sauvage reste donc condamnée pour le meurtre de son époux violent et abusif ; l’accomplissement de sa peine est dès lors du ressort du Juge des Libertés. Cette affaire nous rappelle que chaque jour en France, des milliers de femmes vivent un véritable enfer conjugal : en 2014, 118 de nos concitoyennes sont d’ailleurs mortes, victimes des mauvais traitements infligés par leur conjoint.

Je peux également comprendre l’émotion des magistrats s’élevant contre une telle décision qui semble s’opposer à la stricte observance du droit. Mais ce privilège octroyé par notre Constitution peut, dans un cas aussi effroyable que celui de Jacqueline Sauvage, se justifier afin de mettre davantage d’humanité dans la balance de la justice.

Je suis donc heureux que le Président de la République soit revenu sur sa promesse électorale de ne pas utiliser le droit de grâce présidentielle : ses prédécesseurs le Général de Gaulle et François Mitterrand avaient su en faire un usage éclairé. A un an et demi de la fin de son mandat, François Hollande a enfin compris qu’un Président de la République doit s’élever au-dessus de la normalité.

Ce que je regrette, c’est la théâtralisation de cet événement, mise en scène impudique soigneusement orchestrée pour donner un écho médiatique à une décision qui aurait dû rester dans l’intimité de la réflexion… ainsi que le faisaient les prédécesseurs de François Hollande, qui, il est vrai, étaient eux des hommes d’Etat.

Alain HOUPERT
Sénateur de la Côte-d’Or

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