Article à retrouver dans Le Chatillonais et l’Auxois
Alain Houpert a pris la plume pour envoyer une missive au Président de la République
« Depuis plusieurs mois déjà, les Françaises et les Français vous écoutent avec stupeur parler d’un pays qu’ils ne reconnaissent pas. Ce pays, c’est celui d’une France puissante, forte, toujours meilleure que ses voisins européens, toujours plus résistante, toujours plus innovante, toujours plus protectrice, à la croissance fantastique, à l’économie florissante, au monde de l’entreprise dont vous exprimez à l’envi votre fierté. Mais votre fierté ne ruisselle pas plus que la richesse de notre pays. Votre fierté ne suffit pas à faire oublier ces longs mois durant lesquels vous avez contraint nos entreprises et nos professions libérales à ne pas travailler. Vous répondrez à cela que vous avez porté le quoiqu’il en coûte, soutenu les entreprises, soutenu l’emploi mais à quel prix ? » constate le sénateur Les Républicains de la Côte-d’Or et membre de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces Armées au Palais du Luxembourg.
« Aujourd’hui, l’addition est là mais le compte n’y est pas… » relève Alain Houpert. « Pour aggraver considérablement nos déficits publics, vous avez misé sur une croissance exceptionnelle, sur une économie florissante et sur un avenir qui ne s’annonce pas. La guerre est là et avec elle son cortège de bouleversements : crise de l’énergie, balance commerciale à l’agonie, récession de l’économie, explosion de l’inflation. Dans ce contexte, les entreprises qui auraient dû bénéficier selon vous de ces résultats exceptionnels se trouvent au pied du mur. Le rattrapage des charges, les premiers remboursements des Prêts garantis par l’état, les charges actuelles ponctionnent davantage encore les trésoreries, en particulier des professions libérales. Alors que ces trésoreries sont à flux-tendu, votre ministre de l’économie renvoie les entreprises face à leur responsabilité pour augmenter les salaires. Mais avec quoi ? Il les invite à investir, mais avec quoi ? Même les banques sont aujourd’hui prudentes à l’égard des investisseurs, incertaines de la confiance qu’elles peuvent placer dans les garanties de l’État » relate le sénateur.
« La crise du Covid, la guerre en Ukraine ont jeté au visage des Français la réalité de notre pays »
« Le contexte international en Ukraine, mais aussi à Taiwan qui annonce une autre crise à venir met en danger, dans des proportions jamais atteintes depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’ensemble de l’économie française. À l’incrédulité, regardons nos amis britanniques qui ont vu leur économie s’écrouler en quelques semaines. Regardons la dette publique de l’Allemagne bondir en deux ans et la conséquence des mauvais choix concernant le nucléaire. La crise du Covid, la guerre en Ukraine ont jeté au visage des Français la réalité de notre pays : une nation industrielle à l’agonie, un pays agricole sur le déclin, une nation économique surtaxée, incapable de produire la plupart de ses besoins en produits et en services : les résultats catastrophiques de la balance commerciale nous l’ont montré » argumente-t-il.
« Aujourd’hui, les petites et moyennes entreprises sont le seul rempart à un déclin qui semble inéluctable aux yeux des Français »
« Monsieur le Président. Vous vous plaisez depuis deux ans à parler de guerre, à entretenir un bras de fer permanent avec les Françaises et les Français et avec le Parlement. Le déclenchement du 49.3 par le gouvernement démontre encore une fois l’incapacité primaire de l’exécutif à accepter tout compromis et à considérer les idées extérieures à votre parti. Depuis cinq ans maintenant, la frénésie a guidé vos choix, en dépit des alertes, en dépit des oppositions, en dépit de la réalité du terrain. Au bout de ces cinq années, l’agriculture, l’hôpital public, l’éducation nationale, la Police judiciaire, la justice, l’économie, tous ces domaines pour lesquels vous avez entamé de médiatiques réformes sont au bord de l’explosion. Aujourd’hui, les petites et moyennes entreprises sont le seul rempart à un déclin qui semble inéluctable aux yeux des Français et qui, bien plus grave encore que d’entamer leur pouvoir d’achat, entame leur confiance dans notre idée même de nation et dans notre rôle en Europe. Aujourd’hui, les PME sont au front pour maintenir et défendre l’économie française mais jusqu’à quand le pourront-elles ? » interroge-t-il le chef de l’État.
« Les entreprises françaises ont besoin d’un capitaine d’industrie et non d’un consultant qui leur demande, en dépit de toute prise en compte de leur situation économique, de prendre leurs responsabilités en assumant la tenue à flot de toute l’économie française sans aucune garantie du soutien de l’État ni aucune vision sur les conséquences économiques de la crise énergétique. L’État doit assumer sa responsabilité. Geler les charges relatives aux différents confinements durant lesquelles les PME n’ont pas pu travailler, repousser et étendre les durées de remboursement des PGE, étaler les charges dues de ces deux dernières années pour permettre aux PME de faire face à l’explosion des coûts énergétiques et des matières premières et de continuer à produire. Plus que jamais, il est crucial d’anticiper et ne plus réagir au coup par coup » est son avertissement adressé à Emmanuel Macron.
« L’essentiel aujourd’hui est de préserver le tissu de l’économie française, de protéger la trésorerie des PME pour soutenir l’emploi. Le moment venu, ce seront-elles, comme après chaque crise, qui assureront le redressement de la France » conclut-il.