Chevigny-Saint-Sauveur : réunion avec Bruno Retailleau

"Les élections qui approchent sont notre chance"
« Les élections qui approchent sont notre chance »

François-Xavier Dugourd et moi-même avons accueilli jeudi 24 janvier à la salle « Le Polygone » de Chevigny-Saint-Sauveur Bruno Retailleau président du Groupe Les Républicains du Sénat. Retrouvez ici le discours que j’ai prononcé à cette occasion.

Bruno, je sais ton attachement à un natif de ta Vendée, le Père la Victoire, Georges Clémenceau. Cela prouve qu’au Sénat nous ne sommes pas rancuniers, puisque Georges Clémenceau était d’abord favorable à la suppression du Sénat : c’est un des points du fameux « programme de Belleville » de 1880. Ce qui ne l’a pas empêché d’être élu Sénateur du Var en 1902, et d’occuper son siège jusqu’en 1920 !

Moi qui suis originaire du nord de la Côte-d’Or, mitoyen de la Haute-Marne, non loin de Colombey-les-Deux-Eglises, c’est naturellement vers le Général de Gaulle que mon cœur me porte. Vous me rétorquerez chers amis qu’il a lui aussi proposé la suppression du Sénat en 1969, ce qui lui a coûté cher… l’Histoire nous apporte la preuve que le Sénat tient et ne se rend pas !

Je vous dis cela car, en pleine crise des Gilets Jaunes, l’actuel Président de la République a remis sur le tapis un point de son programme, à savoir une révision constitutionnelle d’envergure. En fait de révision, il s’agit tout bonnement de se débarrasser d’une fraction importante des parlementaires, en particulier des Sénateurs. D’aucuns évoquent également la fusion du Sénat avec le Conseil économique social et environnemental, le CESE. Cette dernière proposition ressemble au mariage condamné d’avance de la carpe et du lapin, car je ne vois pas comment on pourrait unir en harmonie une assemblée élue par les Maires et les Grands Electeurs, et une structure dont les membres sont désignés par des corporations et des syndicats. Cette chimère est donc à oublier !

Il est de plus en plus question – c’est d’ailleurs un des enjeux du Grand Débat national voulu par le Président de la République – d’amputer l’Assemblée nationale et le Sénat d’un tiers de ses membres. En Côte-d’Or, cela signifierait qu’il n’y aurait plus que deux Sénateurs au lieu de trois actuellement pour représenter notre département qui s’étend sur 8763 km2, et est extrêmement contrasté entre la métropole Dijonnaise qui concentre pratiquement la moitié des habitants côte-d’oriens, une côte viticole connue dans le monde entier et le reste du département avec ses problématiques liées à la ruralité comme les transports, la santé, l’accès au numérique, un tissu économique distendu. Croyez-moi, mes collègues et moi-même nous ne chômons pas !

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François-Xavier Dugourd (à g) et Bruno Retailleau

Je sais que le Président de la République raffole des expressions désuètes donc ce soir je lui en offre une : ce projet d’amputation sauvage de parlementaire, ce n’est rien d’autre qu’une manière de mouiller la compresse ! Je veux dire par là que c’est une tentative de flatter les Français en excitant la veine démagogique, en leur faisant croire que moins de parlementaires = plus d’efficacité et plus d’économies. Je vous signale que le Sénat coûte 5 euros par an et par habitant, l’Assemblée Nationale environ 7 euros. Par ailleurs, si on réduit le nombre de parlementaires, il faudra davantage de collaborateurs sur le terrain ce qui n’augure rien de bon en guise d’économies !

Le peuple est souverain et si le peuple doit décider par voie de referendum de modifier profondément la structure du Sénat, nous devrons l’écouter.

Mais il y a une chose que le Président de la République qui vient de redécouvrir les cahiers de doléances doit savoir : nos permanences sont depuis l’origine des cahiers de doléances.

"Le Sénat est un peu le Gilet Jaune des institutions"
« Le Sénat est un peu le Gilet Jaune des institutions »

Lorsqu’un maire a un souci dans sa commune, un souci qui parfois touche de très près ses administrés comme par exemple une longue coupure du réseau téléphonique, une fois qu’il a épuisé tous les recours, vers qui se tourne-t-il ? Vers son Sénateur. Et à longueur d’année, nous mettons de l’huile dans les rouages communaux, tout particulièrement en secteur rural et en périphérie urbaine, parce que c’est là aussi notre rôle.

J’ai déjà eu l’occasion de le dire publiquement : le Président de la République n’aime pas le Sénat. Les urnes lui ont donné une Assemblée nationale aux ordres et le seul contre-pouvoir qui ose lui résister, c’est le Sénat.

C’est au Sénat, dans la salle Clémenceau cher Bruno, qu’Alexandre Benalla a été entendu par deux fois. Et notre collègue Philippe Bas, qui préside la commission d’enquête, n’a pas vraiment apprécié le refus de répondre de cet ancien commis de l’Elysée qui semble bénéficier de protections très haut placées.

Vous le savez, chaque samedi, les Gilets Jaunes font entendre la colère des Français.Le Sénat est un peu le Gilet Jaune des institutions : c’est le seul lanceur d’alerte dans un paysage politique atone, où la majorité à l’Assemblée prend ses ordres directement de l’Elysée, sans le moindre recul, sans la moindre analyse politique, sans la moindre indépendance ou réflexion.

Les Gilets Jaunes justement. Malgré l’annonce fracassante de 10 milliards d’euros pour calmer leur colère, malgré l’organisation d’un Grand Débat national plus balisé qu’une piste d’atterrissage sur un porte-avion, malgré les allocutions et les discours, ils tiennent. Cela fait plus de deux mois que chaque samedi, ils tiennent. Malgré les violences inacceptables des casseurs infiltrés dans leurs rangs, malgré les réponses parfois disproportionnées des forces de l’ordre, malgré les blessés et malgré les morts (car oui, en France, au XXIème siècle, on peut encore mourir en allant manifester !), malgré tout cela, les Gilets Jaunes tiennent.

Et pourquoi ? Parce que sur les ronds-points où certains ont passé les fêtes de fin d’année, il y a de la fraternité. De l’écoute. De l’empathie. Toutes ces choses que nos sociétés déshumanisées, bourrées de technologies, d’écran, saturées d’images, ont mises à l’écart, remplaçant le dialogue par la polémique et la réflexion par le buzz.

Bruno Retailleau à la tribune
Bruno Retailleau à la tribune

Que veulent-ils, les Gilets Jaunes ? Pas seulement un meilleur niveau de vie. Ils veulent de la considération. Ils ne veulent plus être méprisés. Ils ne veulent plus être les jouets d’une technostructure qui décide à leur place, qui leur parle via des plateformes téléphoniques, leur impose des services en ligne et les prive d’humains.

Le problème n’est pas qu’il a trop de fonctionnaires. Le problème c’est qu’ils ne sont pas aux bons endroits.

Les services publics, les service AU public, doivent être rendus par des hommes et des femmes, pas par des algorithmes. On nous parle d’intelligence artificielle, mais où est l’intelligence quand on supprime les Postes dans les campagnes, quand on supprime les perceptions, quand on impose à des personnes âgées, ou démunies, ou vivant dans des zones blanches dépourvues de réseau d’utiliser internet pour leurs démarches ? La possession d’un ordinateur n’est pas inscrite dans la Constitution !

Pour conclure, j’aimerais vous rappeler, mes chers amis, que des échéances électorales approchent. Les élections européennes, les élections municipales l’année prochaine, les élections sénatoriales aussi pour notre Département. Ces élections sont notre chance.

Elles sont notre chance de montrer à l’actuel Président que, en faisant voler en éclats les partis traditionnels, en brouillant les valeurs et en effaçant la mémoire politique et l’Histoire de la France, il a plongé notre pays dans le désarroi et finalement dans le désordre.

Ces élections sont notre chance de dire : nous ne voulons pas de ce « Nouveau Monde » brutal, mécanique, où des algorithmes nous trie dès la naissance et nous assigne notre vie(voyez par exemple la catastrophe de Parcours Sup !) comme dans une dystopie apocalyptique. Avez-vous envie de vivre dans Le meilleur des Mondes ou 1984 ? Pas moi !

Ces élections sont notre chance enfin de redonner à notre Parti, les Républicains, sa véritable vocation d’être à l’écoute du pays, à l’écoute de tous : ruraux, urbains, chefs d’entreprise ou employé, profession libérale ou agriculteurs, fonctionnaires ou salariés du privé : nous ne faisons pas de distinctions idéologiques. Ce qui nous réunit, ce sont les valeurs de notre République.

La liberté d’entreprendre

L’égalité de droits pour chacun

La fraternité entre tous.

Vive la République, vive Les Républicains et Vive la France !

 

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