J’ai co-signé la lettre ouverte de ma collègue Laure Darcos qui réclame au gouvernement l’ouverture des librairies indépendantes au titre des commerces de première nécessité.
Ray Bradbury aurait eu 100 ans cette année. Dans sa dystopie Fahreinheit 451, portée à l’écran par François Truffaut en 1966, il imaginait alors que les livres, portant à réfléchir et donc à « créer des doutes » étaient interdits. Qui aurait pu imaginer que dans le pays de Voltaire, un gouvernement ferait coïncider la science-fiction et la réalité ?
En interdisant l’ouverture des librairies indépendantes, un secteur fragilisé qui depuis des mois s’est adapté aux gestes de sécurité liés au COVID, le gouvernement avait commis une première erreur. En demandant la fermeture des rayons livres, magazines et disques dans les grandes surfaces sans réouverture des librairies indépendantes, il offre – par une décision politique brutale et punitive – un marché entier aux grandes enseignes de vente à distance, mettant en péril tout un secteur d’activité essentiel et symbolique de notre pays. A la veille de l’anniversaire des quarante ans de la mise en place du prix unique, destiné à protéger un secteur en tension permanente, cette décision résonne comme une provocation de plus.
L’épidémie que nous connaissons actuellement est grave. Elle demande des mesures de protection des Français qui soient à la hauteur du risque que nous encourons. C’est là le devoir d’un gouvernement. Mais s’il est de son devoir de protéger la santé de ses concitoyens ; il est aussi de son devoir de protéger l’essence même de la nation. Or, la culture, les arts, la littérature sont des composantes essentielles de notre nation, n’en déplaise au président de la République qui déclarait en 2017 qu’il n’existait pas de culture française, ramenant le lecteur au rang de consommateur d’une culture mondialisée. Nous y sommes. En cédant le marché du livre aux géants du numérique, le Président de la République poursuit son acte de destruction de l’exception culturelle française, défendue par une horde de « gaulois réfractaires ». Il brade à la consommation mondialisée notre patrimoine culturel, notre exception culturelle qui fait la fierté des Françaises et des Français et a su, durant des siècles, éclairer le monde.
Le phare des Siècles des Lumières a cessé de nous éclairer. Le capitaine Macron navigue à vue.
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Photo : Bibliothèque Médicis du Sénat – Crédit : Photothèque du Sénat