« C’est Nicolas qui paie et c’est Antoine qui trinque »

Le sénateur Les Républicains de la Côte-d’Or retrace le destin d’Antoine, ouvrier de son département récemment frappé par un licenciement économique. Un triste symbole du déclin industriel de la France… Et des errements de la politique macroniste.

Antoine est né dans mon village de Salives, dans le nord de la Côte-d’Or. Comme 206 autres familles, cet ouvrier a appris l’année dernière qu’après cinquante-quatre ans d’existence, son usine Tetra Pack de Longvic – la seule en France à fabriquer des emballages carton pour les liquides alimentaires – allait fermer. Pour lui, ce sont trente-sept années de vie quotidienne qui s’effondrent.

Mais voilà. Comme des millions d’autres en France – chez Tetra Pak, Stellantis, Cibem dans le Calvados, Michelin à Vannes, Allgaier France à Faulquemont, BDR Therma en Alsace, La Vache qui rit en Loire-Atlantique, Pastivaloirs à Mamers et tant d’autres – Antoine fait désormais partie des « effectifs ». Il est une victime des «  stratégies économiques » de la mondialisation.

Des familles entières, des villages entiers voient leur activité s’effondrer sous la pression des marchés, sous la signature d’un groupe installé à des centaines de kilomètres, sous la décision d’un « responsable » qui n’a jamais vu le visage de ceux qui avaient confié leur carrière, leur vie, leur famille à une promesse de travail.

Le peuple paie les pots cassés 

Pourtant, Antoine à Longvic pouvait avoir confiance. En 2017, un nouveau Président de la République s’engageait à crier avec lui : « C’est notre projet ». Son projet : redonner à la France son prestige industriel à grands coups de milliards. Huit ans plus tard, le résultat est là : en un an, soixante sites industriels ont ouvert, quatre-vingt-trois ont baissé le rideau et des milliers de salariés ont perdu leur emploi. Antoine pouvait pourtant avoir confiance.

Demain, Antoine ne sera plus ce «  fier élément » de l’industrie française. Il aura beau traverser la rue, à plus de cinquante ans, il ne retrouvera pas un emploi correspondant à son savoir-faire unique, sur le trottoir d’en face. D’ancien chaînon essentiel à l’économie du pays, il deviendra au chômage un « privilégié  », un « assisté  », qu’il faudrait « inciter » à travailler en l’enfonçant un peu plus dans la pauvreté et l’insécurité.

Pourtant, Antoine n’a rien demandé. Il n’a pas demandé à perdre son emploi. Il n’a pas demandé à voir son usine fermée après trente-sept ans de service quotidien. Il n’a pas demandé que le groupe qui le dirigeait, et qui n’a jamais vu son visage, choisisse l’Allemagne pour poursuivre sa production, déshabillant ainsi la France d’une usine unique. Il n’a pas demandé que la France devienne aujourd’hui le pays le plus taxé d’Europe.

Il n’a pas demandé que Bruxelles s’agenouille devant Trump

Il n’a pas demandé que Bruxelles s’agenouille devant Trump. Il n’a pas demandé que Bruxelles continue de financer l’industrie chinoise qui détruit la nôtre à petit feu. Il n’a pas demandé que Ursula Von der Leyen signe l’accord catastrophique du Mercosur. Il n’a pas demandé qu’elle décide seule, contre la souveraineté des nations.

Antoine ne demandait rien d’autre que de travailler, d’offrir à sa famille un avenir, un confort, la fierté de trente-sept années de service.

Et pourtant, à la télévision, il entendra que «  la France est un grand pays industriel », que « la précarisation des chômeurs les incitera à trouver du travail », qu’il faut « qu’il fasse des sacrifices pour le bien du pays  », que «  l’Europe est une chance  », que demain peut-être « il y aura la guerre », et que, comme tous les Français, il profite d’un « modèle social trop généreux  ».

Alors Antoine, qui trinque aujourd’hui, sera demain Nicolas qui paie.


Alain Houpert, sénateur Les Républicains de la Côte-d’Or.

 

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