Église Saint-Martin. Prissey fut successivement annexe de la paroisse de Prémeaux, puis au XVIIIe s., de celle de Corgoloin. Elle fait actuellement partie de l’ensemble paroissial de Nuits-Saint-Georges. L’église est citée en 1020, lorsqu’un noble clerc nommé Henry, en fait don, ainsi que de tout le village, à l’abbaye Saint-Bénigne de Dijon. Lorsque l’abbé Denizot, à la fin du XIXe s., écrit « cette église est digne d’attention…de style byzantin intermédiaire ou de transition », c’est bien de transition qu’il s’agit.
En effet, l’examen de l’église prouve qu’elle a été reconstruite au XIIe s., comme de nombreux édifices voisins (Agencourt, Gerland, Nuits-Saint-Georges), suivant le modèle du roman cistercien, très sobre, inspiré par Cîteaux dont les terres sont également proches. La nef est encore romane, comme la travée supportant la tour de clocher avec des arcs brisés, alors que le chœur a reçu un voûtement et un décor de chapiteaux à crochets, caractéristiques des débuts du style gothique.
L’église, orientée, de plan barlong, est composée d’une nef de trois travées et d’un chœur de deux travées plus étroites, flanqué d’une sacristie côté sud.
Les travées de la nef sont scandées par des piliers carrés qui devaient probablement supporter les arcs doubleaux de la voûte antérieure en berceau brisé : le plafond lambrissé, qui l’a remplacée au XVIIIe s., vient d’être récemment supprimé, laissant la charpente apparente. Les poinçons, à base moulurée, indiquent une reprise fin XVe – début XVIe siècle. Le chœur, à chevet plat, est voûté sur des croisées d’ogives, qui reposent sur des culots figurés.
Les murs gouttereaux, épaulés par des contreforts à ressauts, sont percés de baies étroites, à embrasures profondes, qui s’inscrivent sous des arcs en plein cintre. Les fenêtres du chevet sont des baies jumelées, en tiers-point, surmontées par un oculus. Le pignon ouest est percé d’une baie en tiers-point, encadrée par des colonnettes supportant une voussure.
D’importants travaux de restauration de maçonnerie et de couverture ont été effectués en 1871-1872, notamment la reconstruction du portail ouest : c’est la raison pour laquelle ce portail a été exclu de l’inscription au titre des monuments historiques. Il est formé d’une porte à linteau monolithe, entourée par des voussures en plein cintre, supportées par des colonnettes engagées à chapiteaux à crochets. L’ensemble est pris sous un gâble.
Une seconde porte, au sud, ouvre directement sur la nef. Elle est formée d’un linteau monolithe en plein cintre, timbré d’une marguerite. Ce linteau, couvert par un boudin, est supporté par des coussinets.
La nef et le chœur sont simplement couverts de toits à deux versants, bordés par une corniche très caractéristique, dite « bourguignonne », à modillons convexes.
L’ensemble est dominé par une tour de clocher, très massive, de plan barlong, portée par la première travée de chœur. Le toit du clocher, en pavillon, est couvert de laves ; le beffroi est éclairé par de simples baies jumelées.
À l’intérieur, on peut encore voir des pierres tombales à effigies gravées, dont celles de Charles de Saulx, seigneur de Prissey, décédé en 1474, de Bonne-Bénigne Desbarres, décédée en 1739, ou des tombes de vignerons, sur lesquelles sont sobrement gravés les instruments de leur travail : houe, serpette. Les murs de la nef ont été ornés d’une litre funéraire, timbrée aux armes de la famille de Champagne, en possession d’une partie des terres de Prissey au XVIIe siècle.
Le mobilier comprend un tableau, daté de 1641, représentant la Nativité avec saint Martin et saint Georges, des retables et autels latéraux, un maître-autel, ajoutés probablement au XVIIIe siècle. C’est sans doute à la même époque que la sacristie a reçu, outre un buffet à deux corps, un décor de panneaux en stuc.
La Sauvegarde de l’Art français a accordé 11 000 € en 2005 pour la restauration de la nef, maçonnerie, charpente et couverture en tuile.
Bernard Sonnet