Le journaliste Denis Tugdual m’a interrogé pour Valeurs Actuelles sur la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement. Privations répétées des libertés, stratégie du « tout vaccinal », interdiction aux médecins d’assumer leurs responsabilités, promesses non tenues du président sur l’hôpital…
♦ Comment, selon vous, résumer la doctrine du gouvernement ? Doctrine, c’est le mot. En deux ans, le gouvernement a fait basculer le sens même de la politique. Au lieu d’en faire un outil au services des individus, il a formaté la vie des individus à sa défaillance politique. En demandant aux Français de se priver de libertés pour soulager la pression sur les hôpitaux, il a nié que quelques semaines avant que n’arrive cette épidémie, les soignants alertaient sur l’État de l’hôpital public et qu’on leur répondait avec les matraques. Personne ne peut reprocher à l’exécutif de s’être trouvé démuni devant ce virus. Ce qu’on peut lui reprocher, c’est d’avoir infantilisé les Français, les avoir culpabilisés comme s’ils étaient responsables de l’état de l’hôpital, et c’est d’avoir trop souvent menti sur ses intentions. La responsabilité du politique est de préserver le modèle Républicain et l’État de droit. Or, aujourd’hui, l’État de droit est subordonné à l’état d’urgence.
♦ Pourquoi la stratégie du « tout-vaccinal » est-elle insuffisante d’après vous ? Depuis que l’on parle des vaccins, des scientifiques ont exprimé leur doute sur le choix de cette unique stratégie. Mais ils n’ont pas été entendus. Même l’OMS remet aujourd’hui en question cette stratégie vaccinale si elle ne s’étend pas à la totalité des pays. La recherche de protocoles est un travail quotidien des médecins. C’est aussi une responsabilité que tout médecin sait devoir prendre à chaque diagnostic. L’exécutif, et particulièrement le ministre de la Santé, a décrété qu’il existait une recherche officielle et donc une médecine officielle, rédigée par un comité scientifique. Dès lors, tous ceux qui proposaient d’autres solutions ont été catalogués. Deux ans après, on le voit. La stratégie du tout vaccinal est un échec.
♦ Que faut-il dire à ceux qui ne sont pas vaccinés ? D’abord rappeler que les non vaccinés ne sont pas des malades comme le laissent croire nos dirigeants. Je lis parfois des commentaires qui sont effrayants : ils seraient des assassins, des terroristes, certains parlent même de déserteurs. La défiance des « non vax » envers le vaccin est due aux approximations du gouvernement. Des masques inutiles devenus obligatoires. Des passes qui ne devaient jamais exister et qui sont aujourd’hui considérés comme une responsabilité voire pour certaines catégories comme une obligation citoyenne. Ensuite, tout le monde sait – y compris les médecins – qu’il y a des effets secondaires parfois graves. Le refus de l’exécutif d’être parfaitement transparent sur ces effets créé un vrai sentiment d’injustice. On parle de bénéfice risque à l’échelle nationale, mais quand le risque est là, ce sont des vies, des familles qui sont traumatisées. Il y a aujourd’hui une vraie instrumentalisation par le pouvoir de ces non-vax. Il faut toujours des bouc-émissaires. Or si nous en sommes là, ce n’est pas la faute de personnes qui sont empêchées de vivre… mais bel et bien d’un exécutif qui a perdu la confiance des Français.
♦ Quel doit être le rôle des médecins, en cette période de pandémie ? Les médecins sont là pour soigner, rechercher avec le patient le meilleur protocole, prendre leurs responsabilités, assumer les risques et les erreurs et surtout, surtout, soigner sans discrimination. Ce qu’ils font au nom du serment d’Hippocrate dans les services de réa et c’est là leur honneur.
♦ Et les médias ? Les médias ont une responsabilité importante, celle d’informer. Même si je regrette parfois qu’il y ait une bien-pensance au sein des médias, je trouve dangereux cette guerre menée contre les médias. Les Français doivent comprendre que ces cabales contre les médias ne vont pas servir la démocratie. On peut critiquer les prises de position de certains médias, et je suis le premier à le faire mais il faut se rappeler que le gouvernement a lui-même alimenté cette défiance dès son arrivée au pouvoir. Et pour cause, même si on les dit au service du pouvoir, jamais autant d’affaires ont été mises au jour par les médias. Il Y a 50 ans, les affaires Fillon, Benala ou Cahuzac auraient été passées sous silence. Le vrai problème aujourd’hui est la stigmatisation, encore. Les médias qui cherchent à apporter une autre pensée sont systématiquement qualifiés de colporteurs de Fake News et d’extrême-droite. J’en suis la première victime. Ce qui est inquiétant c’est que ceux qui font du fast-checking sont les mêmes qui font l’information. De là, où est l’objectivité ?
♦ Vous êtes radiologue. Qu’est-ce qui a changé, dans votre vie de praticien ? Je m’exprime en tant que Sénateur et vous comprendrez que ce qui concerne mon métier relève du secret médical.
♦ Les plus hautes juridictions (Conseil d’Etat ou Conseil Constitutionnel) valident les directives du gouvernement. Doit-on s’en étonner ? Le conseil d’État donne un avis sur la régularité juridique des textes. Il ne donne pas d’avis sur la portée morale ou constitutionnelle même si, sur le passe vaccinal, il note qu’il est de nature à enfreindre les libertés individuelles. Et cela m’interpelle. Le Conseil constitutionnel quant à lui porte un jugement sur la validité constitutionnelle. Personnellement je ne m’explique pas comment le passe sanitaire, qui porte atteinte à une catégorie de citoyens, a pu passer l’épreuve du conseil constitutionnel. Sa décision est grave : elle laisse supposer que le conseil constitutionnel a considéré que l’État d’urgence était une condition acceptable pour déroger à la Constitution.
♦Quelle est l’alternative sanitaire, en plus du vaccin, pour faire face à un pic épidémique ? Avoir un hôpital en bonne santé comme les soignants le réclament depuis des années. Car, depuis deux ans, qu’a réellement fait l’exécutif pour l’hôpital à part sortir le chéquier des contribuables et faire de grandes promesses ? A-t-on des lits de réa en plus ? Non, alors que le Président de la République promettait d’en mobiliser 10 000 si nécessaire. Ensuite, laisser les médecins assumer leur responsabilité dans la recherche de traitements sans passer plus de temps à les traîner dans la boue ou devant le Conseil de l’Ordre. On a beaucoup parlé du professeur Raoult. C’est à peine s’il n’était pas un criminel de guerre : au final a-t-il été condamné par ses pairs ? Non. Parce que le rôle du médecin est de chercher, de trouver, parfois aussi de se tromper mais dans tous les cas : de mettre les moyens nécessaires pour le bien du malade. Mais surtout, un médecin assume et prend ses responsabilités.
♦Politiquement, de nouvelles fractures semble se dessiner. Marine Le Pen et Éric Zemmour ont choisi leur couloir. Quel doit être celui de la droite ? Notre famille politique est la seule qui porte aujourd’hui un candidat raisonnable qui ne soit ni dans l’extrême, ni dans l’allégeance à En Marche. Notre plus grand rôle est de réunir les Français. Nous ne pourrons pas proposer de nouveau projet au pays sans une réunification des citoyens. Et cela passe aussi par mettre un terme à cette stigmatisation des non-vaccinés qui ne cèderont pas parce qu’ils sont aujourd’hui dans la révolte. J’ai adressé un courrier en ce sens à Valérie Pecresse sur la tâche que nous avons de redonner confiance à TOUS les Français qui sont attachés aux valeurs républicaines. Si nous gagnons l’élection présidentielle, c’est à cette condition. Et je crois en la victoire de la droite. Mais elle doit être celle de tous les citoyens. Dans le cas contraire, nous entamerons un mandat qui sera explosif. Le Président des la République a tout fait pour faire exploser la droite. Aujourd’hui j’en suis certain, si la droite veut survivre, elle doit être à l’image de ce qu’incarna le Général de Gaulle : non pas un parti politique, mais le partie de la démocratie et de l’égalité.