Nous, soignantes, humiliées, stigmatisées… jusqu’à quand ?

Des soignantes sont venues me rencontrer à ma permanence. Cette tribune est leur témoignage. C’est un appel au secours auquel je m’associe pleinement. Derrière les chiffres, les décisions politiques, n’oublions jamais que ce sont des vies qui sont bouleversées, des familles qui sont affectées. Nous devons en finir avec ces décisions iniques dépourvues d’humanité. 

Nous sommes des soignantes de Côte-d’Or qui prenons aujourd’hui la parole pour dire notre détresse et notre incompréhension.

Par intime conviction, parce que nous considérons que cela relève d’une volonté personnelle et non d’une obligation politique, parce que le vaccin n’empêche nullement d’être contaminé et de transmettre la maladie, nous avons fait le choix de ne pas nous vacciner avec les produits actuellement utilisés contre le Covid-19. Nous ne sommes pas seules : en France, nous sommes environ 130 000 à avoir refusé la vaccination devenue obligatoire pour les personnels soignants.

Depuis le 15 septembre, comme 15 000 de nos collègues à ce jour, nous avons donc été suspendues. Nous connaissions la loi. Nous nous attendions à cette sanction.

Ce à quoi nous ne pouvions nous attendre, ce que nous avons découvert avec stupéfaction en revanche, c’est l’attitude de nos supérieurs hiérarchiques, parfois de nos propres collègues et de la société.

Nous ne pouvions pas imaginer les humiliations, les remarques, l’agressivité.
Nous ne pouvons pas imaginer la stigmatisation, la maltraitance, les menaces.
Être suspendue, cela ne signifie pas simplement rester chez soi : cela signifie que, du jour au lendemain, vous êtes interdite de présence sur le lieu de travail où vous étiez appréciée depuis des années. Cela signifie que vous n’avez droit à rien : ni salaire, ni chômage, ou comme certaines de nous ont pu l’entendre « non éligible à l’arrêt-maladie » (ce n’est pas ce que dit la loi).

Pour celles d’entre nous qui ont un conjoint, cela signifie être dépendante financièrement.
Pour celles qui élèvent seule leurs familles, c’est la dégradation brutale des revenus.
Pour toutes, c’est la perte d’un statut social, sans perspective.

Nous étions applaudies l’année dernière. Au plus fort de l’épidémie, alors que nous travaillions sans protections (nous manquions de masques, de surblouses…) nous nous sommes dévouées sans relâche auprès des patients. Nous étions des héroïnes.
Aujourd’hui, et alors que nous n’avons jamais cessé de respecter scrupuleusement les protocoles afin de préserver la santé de nos patients, nous sommes devenues des hors-la-loi. Pire : des assassins en puissance comme nous avons pu l’entendre d’un médecin dans les médias.

Nous ne sommes pas cela. Nous sommes des femmes qui ont cru pouvoir faire entendre leur vérité, des femmes qui pensent que des hommes politiques n’ont pas le droit de de disposer de leurs corps. On nous menace, on nous prive de travail, on nous prive de nos salaires et de nos droits mais nous ne cèderons pas. Ce que nous voulons, c’est être réintégrées dans nos emplois : nous sommes prêtes pour cela à être testées aussi souvent que nécessaire puisqu’au contraire du vaccin, un test négatif est le seul moyen actuel de prouver que vous êtes indemne de virus. Ce que nous voulons c’est que l’on reconnaisse que le danger ce n’est pas des soignantes non vaccinées, c’est de se priver de nos compétences en nous excluant des établissements hospitaliers et de santé.

Des soignantes non-vaccinées de Côte-d’Or

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